La bactérie immortelle (SVT)

Deinococcus radiodurans pourrait tout simplement... ressusciter.  Un chercheur vient de démontrer la capacité de cette bactérie. Elle peut… ressusciter ! Cela serait possible grace à un mécanisme unique de rétablissement du génome. 5000 fois la dose de radioactivité qui tuerait un Homme ne l’abat pas le moins du monde ! Lui imposer des ultraviolets à raison d'une centaine de fois la dose mortelle pour la plupart des organismes ne la ferra pas bouger…placez-la en plein soleil dans le désert pendant des mois ; et puis, basculez-la dans les glaces sibériennes à -45°C, et même arrosez-la de peroxyde d'hydrogène, un puissant antibactérien.

Rien n'y fera ! La bactérie Deinococcus radiodurans retrouvera toute sa forme une fois qu’elle aura retrouvée un milieu favorable. Pourquoi ? Comment ? Voilà un demi-siècle que les biologistes cherchent à percer le secret de cette incroyable résistance.

                                                     

 

 

 UN SYSTEME DE REPARATION DE L'ADN AUSSI INEDIT QU'EFFICACE

Une cellule vivante en état de mort clinique et qui cependant revit après avoir reconstitué son génom

Cette capacité de résurrection lui confère finallement une forme d'immortalité. Dénuée de coque ou de capsule, elle subit pourtant les attaques extérieures de plein fouet, avec, comme pour n'importe quelle cellule, les mêmes conséquences : des brisures du génome. Malgré tout, il lui suffit de trois heures en milieu riche en nutriments pour reconstituer les quatre molécules d'ADN qui constituent son génome.

D. radiodurans crée plusieurs répliques identiques de son génome au cours de son cycle de division cellulaire. Or, les cassures de l'ADN causées par les agressions ont statistiquement très peu de chances de tomber au même endroit sur deux copies distinctes du génome. Pour une cassure sur une copie, il se trouvera donc quelque part dans la cellule un morceau d'ADN issu d'une autre copie qui est intact à cet endroit.

 

UNE ENZYME BIENFAITRICE


D. radiodurans détient une enzyme capable de retrouver, parmi les fragments issus d'autres copies du génome, une séquence complémentaire qui chevauche la coupure. Connue sous l’appellation recombinase A, cette enzyme ouvre localement le double-brin pour permettre à l'extrémité simple brin de la cassure de s'apparier avec un des brins ainsi mis à nu. Une autre enzyme intervient alors pour rallonger le simple brin au delà de son extrémité. Une fois détachés de cette base, les simples brins peuvent se ré-associer. La coupure est réparée. En répétant cette opération autant de fois qu'il y a de coupures, D. radiodurans pourrait alors régénérer son génome entier en quelques heures.

 

UNE RÉSISTANCE À EXPLOITER

 Cette découverte pourrait être utilisée dans la recherche contre les maladies d'Alzheimer ou de Parkinson. Une autre piste complètement extraordinaire serait d’envoyer une colonie de bactérie D. radiodurans, génétiquement modifiée sur Mars de manière à y fabriquer une atmosphère respirable. Capable de résister aux conditions martiennes dont la surface est bombardée d’ultraviolets, elle pourrait alors se nourrir de C02 et recracher de l'oxygène.
Une autre possibilité serait d’utiliser cet incroyable spécimen pour décontaminer des sols pollués dans des environnements radioactifs, comme les anciens sites de stockage d'armes nucléaires.