Les lumières: nouvelle vision de la mort (hist.)

            Au XVIII° s, de nouveaux discours se développent, allant dans le sens d’une laïcisation des croyances et prédisant une sécularisation du monde occidental. Le discours libertin, par lequel avait commencé la contestation du modèle chrétien, triomphe désormais au grand jour.

Les Lumières correspondent en effet à de nouvelles valeurs, de nouvelles croyances, qui tendent à se substituer aux valeurs chrétiennes traditionnelles. L’élite intellectuelle gravitant autour des philosophes des lumières entend tenir la mort à distance. Le philosophe rencontre ici le scientifique.  Comme tous les êtres, selon une conception que partagent aussi bien Buffon que Diderot, l’homme à sa place dans le grand ordre de la nature et doit obéir à ses lois.  L’athéisme n’est avoué ouvertement que par quelques uns, comme Diderot ou d’Holbach, jusqu’à la Révolution. La plupart des hommes des Lumières croient en Dieu et en l’immortalité de l’âme. Mais, ils penchent vers le déisme. Le Dieu punisseur s’est transformé en Dieu providence. Parallèlement, l’homme a été valorisé : de pécheur, il est devenu cet homme bon par nature, enclin de lui-même à pratiquer le bien, sans qu’il y ait besoin d’utiliser la peur de l’Enfer ou la récompense du Paradis.

Si la religion traditionnelle est loin d’être éteinte, la déchristianisation progresse. La lecture laïque de la mort se répand, comme le montrent les représentations sociales et les comportements. La mort, par exemple, devient un phénomène naturel qu’il est légitime de combattre, que l’homme a pour devoir de retarder. Ainsi émerge le métier de médecin. L’idée de prolonger la vie enthousiasme bien des esprits en un siècle où les progrès médicaux sont pourtant à peu près nuls. On s’intéresse aux progrès de l’art de l’accouchement, et notamment à la pratique de la césarienne, à laquelle l’Eglise s’oppose toujours. Le débat sur la peine de mort débute, avec la dénonciation des bûchers de l’Inquisition, des supplices, de la torture : avant même la Révolution, l’Empire restreint la peine de mort et la Prusse l’abolit.