Les entreprises s'accaparent du rêve d'immortalité, gros bénéfices à la clé (SVT et actu)
La société de biotechnologie française Cellectis lance sa nouvelle filiale Scéil. Cette dernière propose de parier sur les progrès de la pharmacie et de la médecine, qui demain développerait de manière routinière thérapies régénératrices et médicaments personnalisés.
Prélèvement de peau
Le service de base « offert » par cette société s’élève à un budjet de 60.000 dollars, soit 47.000 euro. Cela est sans compter le forfait de maintenance (500 dollars/an après la 3ème année).
Pour l’instant, la prestation n’est disponible que dans les pays où la législation le permet. Les Etats-Unis, Dubaï et Singapour en font parti.
"La réglementation française, en revanche, rend ce type d’offre impossible, puisqu’elle exige de spécifier l’usage futur de tout prélèvement biologique", explique le secrétaire général de Cellectis, Philippe Valachs.
Une fois la somme déboursée, le (riche) client se fait prélever un échantillon de peau, qui est ensuite expédié dans le laboratoire de Singapour, où les fibroblastes (cellules du derme) sont cultivées puis conservées dans de l’azote liquide (-180°C). Une partie d’entre elles est alors reprogrammée pour donner naissance à ce qu’on appelle des "cellules souche pluripotentes induites" ou iPS, elles-mêmes cryogénisées.
Thérapies cellulaires régénératrices
Mises au point par le prix Nobel de médecine 2012, le chercheur japonais Shinya Yamanaka, ces iPS possèdent bien l’information génétique du donneur, mais ont recouvré toutes les caractéristiques de cellules souches embryonnaires (ES). Ainsi, pour régénérer les organes endommagés, il est possible de provoquer à nouveau leur différenciation en cellules du cœur, du sang, du foie, du pancréas, du cartilage, du cerveau… Cellectis, leader mondial de l’ingénierie du génome, est justement spécialiste de ce procédé.
Ces iPS ne permettent aucune polémique puisque, contrairement aux vraies cellules souches, elles ne proviennent pas d’embryons surnuméraires de fécondation in vitro.
Ainsi, même dans un lointain avenir, si le client de Scéil a un probleme de santé, ses médecins pourront à volonté "commander" l’ingénierie de cellules 100% compatibles (c’est lui le donneur) du tissu souhaité. Ils pourront alors vérifier in vitro l’innocuité de tel ou tel médicament. Et surtout développer des thérapies cellulaires régénératrices.
La "techno médecine" est en marche
Aujourd’hui, les iPS commencent seulement à être utilisées pour tester des molécules. Méthode permettant aux laboratoires pharmaceutiques d’éviter la mise sur le marché de médicaments aux effets secondaires toxiques, voire mortels… Demain peut-être, elles se substitueront aux cellules souche embryonnaires dans des biothérapies très innovantes. Car la "techno médecine" est déjà en marche : partout sur la planète, des chercheurs s’apprêtent à démarrer des essais cliniques pour réparer le cartilage du genou, lutter contre la dégénérescence maculaire de l’œil, greffer les grands brûlés, reconstituer le tissu cardiaque, lutter contre la leucémie…
"Un bébé né cette année a une espérance de vie de 140 ans. Dès 2020 ou 2030, les gens se feront couramment soigner comme cela", affirme André Choulika, qui y voit une source d’innovation et de croissance pour les décennies à venir. Une révolution silencieuse capable de faire reculer la mort, qui posera des problèmes sociétaux et éthiques dont on peine encore à cerner les contours.